vendredi 28 août 2009

Lettre à mon ami Néji BGHOURI, Président du Syndicat national des journalistes tunisiens

Le tribunal de première instance rendra son jugement le 04 septembre prochain, dans ce qu’il convient d’appeler « l’affaire du bureau». Ne te fais pas de faux espoirs. Le miracle n’aura pas lieu. Nos amis, militants du parti, écrivassiers à leurs heures, reprendront les clés du siège et l’interdiront à tout étranger !!!

Pour ne rien te cacher, j’avais quelque espoir que tu gagnes la bataille du Congrès. Celle-là perdue, je ne me fais plus d’illusions. Après le Bureau, ils prendront les bureaux… Qu’ils y engraissent, carrés, les ronds de cuir ! Une résidence secondaire, chacun d’eux possède un bureau ailleurs…

As-tu perdu ? Pas tout à fait, pas vraiment, pas du tout… Tu te savais isolé, sans appuis ni régiments, à la longue vaincu… On se le chuchotait là-bas café de Paris. Quelques pas plus loin, entre deux vitrines : « rien n’y fait, je sais.
Mais je ne lâcherai pas». Oui, j’ai pas bonne mémoire, mais certains mots résistent à l’oubli !

Le combat, le tien, le nôtre, celui de la profession, du premier journal Tunisien, Ali Bach Hamba, Hassib Ben Ammar…ce combat de la présence au monde est une fin en soi. Une fin suprême. Un jugement historique de dernière extrémité. On est des « damnés » nous autres journalistes tunisiens. Et les «damnés» se battent. Ils ne cherchent pas à tuer, ils choisissent une vie…Et sa belle mort... Je divagues, peut-être mais ton combat n’est pas de ce temps. Un air épique, fait passer sur lui quelque sueur de gladiateur. Oser un combat perdu… Certes. Mais ne pas oser serait quoi ? Un tas de chair pardonné, toléré, pestilentiel…Une preuve à la vie des autres !!!!

Et j’ose dire que tu as gagné. Avant deux mille huit, le syndicat des journalistes tunisiens, était d’abord un syndicat de l’opposition. Avec toi il est devenu celui de la profession. Le quinze août 2009, il est passé au parti qui gouverne. Le RCD conçoit bien un syndicat des journalistes ?!! Taira-t-il les conflits avec le patronat, il accomplira quelques actions de charme et prendra à bras le corps la cause d’un collègue ou deux. Ne crois point cet acquis évident !!. L’existence même d’un syndicat défendue par le patronat. Les fins sont connues, mais le « capital » n’y peut plus rien. Il n’y a pas que les machines qu’on modernise, les ouvriers, les journalistes, les hommes aussi accèdent à la modernité….L’idée de défendre ses propres intérêts et pas uniquement ceux du maître !!! est liée à une autre nécessité moderne : vivre en tant qu’individu, avec une conscience aigue de ses intérêts !!!
Une idée, tout compte fait, libérale que le patronat ne peut récuser….Grâce à nos confrères devanciers, grâce à ton « je ne lâcherai pas » il demeure aujourd’hui un syndicat qui sera tôt ou tard reconquis. Quelle victoire…

Ton ami Jamel HENI

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