Observatoire Pour la Liberté de Presse, d’édition et de création en Tunisie
Le 15 août courant, le régime tunisien a achevé le dernier acte du putsch préparé contre la direction légitime du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT); le scenario était prévisible depuis l’éclatement de la crise le 4 mai 2009, lors de la conférence de presse où le bureau légitime avait présenté son rapport annuel sur l’état de la presse en Tunisie; des éléments connus appartenant au parti au pouvoir avaient alors perturbé la conférence de presse, brandissant un rapport alternatif plus favorable au pouvoir, allant jusqu’à agresser le président du SNJT, Néji Bghouri.
Les semaines qui ont suivi, une campagne contre le bureau légitime a été lancée, et le 26 mai une motion de défiance appelant à la révocation du bureau du SNJT avait circulé dans toutes les rédactions des grands organes de presse contrôlés par le pouvoir, à l’instigation de sphères gouvernementales. Heureusement, elles n’avaient pas réussi à obtenir le nombre suffisant de signatures, en dépit de nombreuses falsifications mises en évidence plus tard par le bureau du SNJT.
Les autorités avaient alors recouru à un autre stratagème: la démission des éléments qui leurs sont acquis au sein du bureau du SNJT. Ainsi 4 membres avaient démissionné du bureau, créant une crise qui oblige à la convocation d’un congrès extraordinaire dans un délai de 3 mois.
Alors que le bureau du SNJT s’attelait à préparer ce congrès; les démissionnaires réunis en bureau élargi avec d’autres éléments proches du pouvoir, convoquaient parallèlement un autre congrès à une date plus proche. Une médiation tentée par la Fédération internationale des journalistes, en vue d’amener les proches du pouvoir à revenir à la raison et à accepter un congrès de conciliation, avait échoué.
Le 14 août un recours en référé devant le tribunal de 1ere instance de Tunis, avait été rejeté, contre toute logique; Bien qu’une cinquantaine d’avocats avaient démontré l’illégalité de cette convocation, le tribunal avait débouté les plaignants. Ce qui avait favorisé la tenue de ce congrès putschiste qui avait élu une nouvelle direction qui s’est empressée d’envoyer un télégramme de soutien à Ben Ali pour exprimer leurs “sincères remerciements au Chef de l’Etat pour les acquis et les réalisations accomplis au profit du secteur de l’information, en général, et des journalistes, en particulier. » Notons que le nouveau président putschiste du SNJT est l’attaché de presse du SG du parti et au pouvoir et son bureau se trouve au siège du RCD.
Ce putsch qui avait été unanimement dénoncé par l’ensemble de la société civile tunisienne ainsi que les ONG internationales vient s’ajouter à la série des coups de force engagés par le pouvoir contre les structures représentatives démocratiquement élus, comme ce fut le cas pour l’association des magistrats tunisiens (AMT) et a été célébré par la presse officielle et officieuse. Il a également reçu la caution de l’union arabe des journalistes qui a la réputation de défendre davantage les régimes arabes en place que les journalistes ainsi que par Younes Mjahed, le SG de l’Union nationale de la presse marocaine, venu au départ pour une mission de médiation et qui s’est retrouvé à cautionner un putsch contre ses collègues tunisiens démocratiquement élus pour des motifs obscurs.
L’Observatoire
S’inquiète de cette dérive autoritaire du pouvoir qui ne tolère plus aucune expression autonome de la société civile, fut-elle modérée.
Assure le bureau légitime du SNJT avec à sa tête Néji Bghouri de son entière solidarité et le considère comme l’unique représentant de la profession ;
Dénonce avec la plus grande vigueur ce putsch contre le bureau légitime et appelle les autorités publiques à ne plus interférer dans la vie des associations indépendantes et à respecter le libre choix des journalistes;
Dénonce la position de Younes Mjahed, le SG de l’UNPM qui a ainsi failli à sa mission et trahi l’éthique de la Fédération internationale des journalistes dont le principe fondamental est le respect de l’indépendance des associations professionnelles.
Pour l’OLPEC
Le président
Mohamed Talbi
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